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Site de l’Association Amicale Santé Navale et d’Outre Mer (ASNOM)

ACADÉMIE DE MÉDECINE : LA CULTURE POUR AMÉLIORER L’HUMANITÉ DES FUTURS MÉDECINS.*
Article mis en ligne le 5 mars 2025

Face à un phénomène de deshumanisation de la médecine souligné par les patients qui la trouve souvent trop technique et à une baisse du niveau de culture générale des élèves et étudiants en France relevée dans plusieurs études, les sages de l’Académie nationale de Médecine viennent de publier un rapport dans lequel ils proposent des pistes pour accroître les qualités humaines des futurs professionnels en vue de développer une médecine plus empathique et d’améliorer la relation de soin. Savoir analyser le contexte et la singularité de chaque situation vécue par le malade est un atout essentiel pour proposer une prise en charge holistique : cela nécessite de l’empathie, c’est-à-dire d’être capable de s’identifier à autrui dans ce qu’il ressent. « Jamais au cours des études de médecine on n’apprend à tenir compte du contexte » souligne le professeur Alain-Charles Masquelet, académicien et corapporteur de ce rapport.

L’académie souhaite en premier lieu redonner le goût de la lecture aux étudiants en médecine, puisque celle-ci favorise et cultive l’attention et la réflexion. Si la lecture est "un marqueur fort" de la culture générale, elle n’est pas le seul et le rapport préconise à chaque étudiant en médecine « de fréquenter assidûment les œuvres d’art".

Le théâtre a également un rôle à jouer dans la transmission de valeurs plus humanistes car il encourage la reconnaissance et l’acceptation de l’autre, repose sur le dialogue et propose la construction d’un projet commun. "La pratique théâtrale demande de se rendre suffisamment étranger pour accueillir l’autre. Elle appelle à l’hospitalité. Jouer un rôle c’est se mettre à la place d’un autre, se décentrer et donc ouvrir la possibilité d’une empathie, d’une attention à la vulnérabilité de l’autre, au-delà des espaces théâtraux", selon Florence March, professeure de philosophie et de théâtre britannique à l’Université de Montpellier.

Depuis une vingtaine d’années, Céline Lefève, professeure des universités au sein du département histoire et philosophie des sciences de l’Université Paris-Descartes, propose un enseignement optionnel en humanité médicale (éthique du soin) à l’aide du cinéma aux étudiants de 2ème et 3ème de médecine. Selon elle, cela « permet l’attention clinique aux symptômes, aux corps, mais permet aussi d’accroître l’observation et l’écoute. Porter attention aux détails d’une histoire prépare à l’entretien clinique, à comprendre la posture et les non-dits ». Cette approche par le cinéma permet d’explorer ce qui va interroger éthiquement ou socialement dans la pratique, ce qui relève des préjugés, ce qui peut créer des tensions dans l’équipe.

Dans ce rapport, l’Académie nationale de médecine, pleinement consciente de l’apport de la culture, générale ou non, dans la formation médicale, se pose en force de proposition et pousse au développement d’initiatives qui pourraient transmettre la culture et ouvrir les esprits. Elle porte ainsi la création "d’un département de philosophie et de pédagogie de la santé sous la férule d’un philosophe universitaire » qui aurait pour tâche d’enseigner les rudiments d’éthique et d’épistémologie médicales mais aussi de fédérer les bonnes volontés pour la mise en place d’un corpus de connaissances propres à susciter l’intérêt des étudiants. Ce "corpus culturel commun" dispensé à tous les étudiants prendrait ainsi la forme d’un accompagnement culturel, dans le but d’améliorer la relation médicale et, de fait, la qualité humaine des soins.

Invitation au théâtre : Le malade imaginaire.



*Rapport présenté le 10/12/2024 par A-C. Masquelet et J-F Allilaire :