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ASNOM
Mari transve mare, hominibus semper prodesse

Site de l’Association Amicale Santé Navale et d’Outre Mer (ASNOM)

Édito n°5
Article mis en ligne le 13 octobre 2025
Michel Ducorps (Bx 67)*



Le Fonds Solidarité Santé Navale sert les intérêts de l’ASNOM.

Des voix se sont récemment fait entendre, au sein même de notre association, pour questionner le bien-fondé de l’existence du Fonds Solidarité Santé Navale (FSSN), de son action et du soutien financier qui lui est accordé chaque année par l’ASNOM. Dans ce contexte, il paraît indispensable de rappeler les éléments fondamentaux de l’histoire et de l’action du FSSN, créé en 2013, intimement liées à celle de l’ASNOM, tout en restant une structure juridiquement indépendante.
En quoi le FSSN est-il utile à l’ASNOM, sachant qu’il n’a pas vocation à être une association de solidarité entre anciens élèves, mission statutairement dévolue à l’ASNOM elle-même ?
En premier lieu, il convient de souligner que les statuts de l’ASNOM stipulent en leur article 2 que, figurent parmi ses actions, « la mise en œuvre d’actions concrètes de solidarité dans le champ de la santé, en particulier internationales ». La création du FSSN a ainsi mis à la disposition de l’ASNOM un opérateur de solidarité internationale qui lui permette de répondre à ce précepte et de faire rayonner durablement l’esprit de service de l’Homme de l’École Santé Navale. Cet esprit, résumé dans la devise de l’école « Mari transve mare hominibus semper prodesse » a inspiré nos vocations, notre action, nos choix de vie. Elle inspire l’action du FSSN en rendant actuelle et agissante la fidélité à la vocation des anciens élèves de Santé Navale, dont l’ASNOM se veut garante. Le FSSN s’est donc donné pour mission de devenir le bras actif de l’ASNOM pour la solidarité internationale dans le champ de la santé en mettant son expertise au service d’actions de santé dans des pays défavorisés.
En second lieu, le statut spécifique de « Fonds d’action humanitaire » a permis au FSSN de devenir bénéficiaire de l’usage de l’ancienne chapelle de notre école, accordé gracieusement par la Fondation Pichet. L’ASNOM elle-même n’étant pas reconnue « organisme d’intérêt général », ne pouvait prétendre à cet accord. L’association peut donc bénéficier de l’ancienne chapelle, qu’elle a aménagée et rebaptisée « Salle Santé Navale » et qui est devenue, sur le site même de l’école, le lieu mémoriel de Santé Navale ouvert à tous. Cette salle est cogérée par le FSSN titulaire du don Pichet et la section Bordeaux Aquitaine de l’ASNOM. On comprend que sans le FSSN, le lieu serait inéluctablement repris par l’entreprise Pichet, propriétaire des lieux, et ce lieu mémoriel disparaîtrait pour la communauté navalaise.
Ce rappel informatif établi, c’est sur le soutien financier de l’ASNOM, sur la pertinence des actions menées voire sur des questions éthiques que portent les principales critiques à l’encontre du FSSN.
• La subvention annuelle de l’ASNOM, actuellement de 25 K€ est prélevée uniquement sur les intérêts des placements du legs Consiroles et en aucune façon sur les cotisations des membres de l’amicale.
• Reste le sujet de l’utilisation du legs Consiroles dont l’objectif initial était de soutenir les élèves sortant de l’école pour faire rayonner l’esprit Navalais au service de l’humanité dans le monde. L’action humanitaire du FSSN sert cet objectif. L’ASNOM a décidé en Assemblée générale de juin 2013 de consacrer les revenus du legs Consiroles au soutien de l’action du FSSN. Il n’a pas été dérogé à cette décision. Le legs lui-même et le reliquat des intérêts n’entrant pas dans le montant de la subvention restent consacrés aux actions de l’ASNOM et en particulier à soutenir les actions des élèves du Service de Santé des Armées.
La pertinence des actions soutenues par le FSSN est souvent mise en cause, arguant de leur faible impact et de l’absence de retour sur l’utilisation des fonds. Il est clair que nos moyens limités ne nous permettent pas de soutenir de grands projets en santé, dont on connaît par ailleurs la fragilité à long terme a fortiori quand ils sont insérés – ce qui est souvent incontournable - dans des accords politiques. Le FSSN a donc fait le choix de financer, sur la base d’un Appel à Projet (AAP) annuel, des petits projets de terrain originaux s’appuyant sur des besoins en santé de populations défavorisées, obligatoirement présentés et mis en œuvre par une association locale dont il est aisé de vérifier l’existence réelle ; l’expérience montre que ces initiatives locales ont plus de chances d’aboutir, de se pérenniser et de s’autonomiser. Ainsi, chaque année, c’est une centaine de réponses à l’AAP qui sont soumises à l’examen du Conseil scientifique du FSSN, composé de personnalités connaissant bien le terrain tropical et le champ humanitaire, qui retient une dizaine de projets financés à hauteur de 5 K€ chacun. Le succès de cette démarche va croissant, preuve de l’attractivité et du besoin. Il convient pour se convaincre du sérieux et de la pertinence de la globalité de la démarche (modalités d’attribution, réalisation, évaluation) de visiter sur le site asnom.org l’onglet du FSSN qui retrace les actions réalisées année par année depuis 2014. Il faut aussi souligner que les procédures mises en place avec les associations locales soutenues permettent de vérifier que les fonds versés sont bien affectés intégralement à la réalisation du projet conformément au budget prévisionnel du projet, et que le FSSN assure un travail de suivi des actions entreprises.
Dans le contexte géopolitique actuel, il n’est pas étonnant que certains critiquent le soutien de projets issus de pays francophones africains qui se détachent actuellement de la France. C’est bien méconnaître la notion d’action humanitaire. Celle-ci en général et celle du FSSN en particulier ne sont pas fondées sur des considérations politiques ni économiques, mais seulement sur une éthique de solidarité humaine dirigée vers des populations défavorisées. Et c’est justement quand les conditions géopolitiques s’aggravent que l’action humanitaire destinée à des populations fragilisées devient encore plus nécessaire.

*Michel Ducorps est Président du Fonds Solidarité Santé Navale