Dans ses statuts modifiés en date du 10 mai 2020, article 1, l’ASNOM a pour objet :
- d’étudier et de faire connaître le rôle des anciens élèves de l’Ecole Santé Navale, en particulier dans l’action sanitaire sur mer et outre-mer ;
- de perpétuer la mémoire, l’esprit et les valeurs de l’École de Santé Navale et de leur devise commune ;
- de transmettre aux élèves de l’École de Santé des Armées (ESA), l’histoire et les traditions de Santé Navale ;
- d’enrichir le patrimoine et le souvenir des anciennes écoles d’application du Service de Santé des Troupes de Marine au Pharo à Marseille et du Service de Santé de la Marine à Toulon ainsi que des anciennes écoles annexes de Médecine navale (de Brest, Rochefort et Toulon) ;
- de contribuer à l’information de ses membres.
Cette rubrique du site internet de l’ASNOM dénommée « œuvre humanitaire des corps de santé français » participe pleinement à l’ensemble de ces objectifs. Elle s’adresse certes à ses membres et en particulier aux plus jeunes d’entre eux, mais aussi à toute personne, française ou étrangère, intéressée par l’Histoire de la médecine spécialement dans le cadre des actions menées en médecine navale et dans le champ tropical. Depuis le XVIIème siècle et surtout à la fin du XVIIIème et au cours du XXème siècle, lors de l’expansion coloniale, les corps de santé français ont été pleinement impliqués dans la mise en œuvre d’actions visant à améliorer le niveau sanitaire des populations. Très nombreux sont les praticiens militaires, médecins ou pharmaciens, qui ont consacré toute ou partie de leur vie à ces actions ; exerçant clairement leur métier avec passion et don de soi dans un sens humanitaire, ils ont contribué par la même à la connaissance scientifique des maladies tropicales et des modalités d’exercice sous les Tropiques.
Il s’agit dans cette rubrique de rapporter l’œuvre accomplie, ses réussites et aussi ses échecs, auprès des populations civiles. Ceci implique d’en connaitre le contexte historique et géographique et de prendre en compte les évolutions géopolitiques qui ont caractérisé le XXème siècle : période de colonisation jusqu’au début des années soixante où les corps de santé militaires sont dominants dans l’ensemble de l’approche sanitaire au niveau de ces territoires, depuis la formation, en passant par la création de moyens originaux et l’action médicale proprement dite ; période de transition après les indépendances où un nombre important d’états ont demandé à poursuivre une coopération sanitaire qui a encore reposé sur les praticiens militaires jusque au début des années 2000.
Ceci implique également de comprendre que s’est ainsi créé un socle de praticiens de statut militaire spécifiquement formés et rompus à cet exercice en zone tropicale depuis 1903 avec le Service de santé des Troupes coloniales, lui-même faisant suite à l’implication de la Marine pendant 2 siècles dans l’approche sanitaire au profit des populations locales. Ces praticiens exerçaient en position « hors cadre » pour 80 à 90% d’entre eux, affectés à des tâches civiles et, à 99%, au profit des populations autochtones. Ce socle s’est poursuivi avec les médecins des Troupes de marine rattachés au Service de santé des Armées à partir de 1968 dont la majorité exerçait outre-mer en situation « hors cadre ».
Il convient ici d’assurer un travail de mémoire sur l’œuvre de ces praticiens qui ont du tout inventer et tout créer pour s’adapter aux conditions locales d’exercice et aux grandes endémies qui représentent un fléau, mais aussi avec, comme préoccupation majeure, la formation des personnels à tous les niveaux. Ces actions sont menées avec une insuffisance permanente de crédits et de personnels, dans un contexte d’explosion démographique, et dans l’indifférence de l’opinion métropolitaine. Devant l’immensité de la tâche, chacun faisait son devoir, sans tapage et dans la tradition de la « grande muette ».
L’impact qu’ont pu avoir ces praticiens sur l’approche de l’exercice sanitaire en milieu tropical et sur la connaissance de nombreuses maladies tropicales est cependant reconnu partout dans le monde, persiste en Afrique et en Asie, et procède du rayonnement de la France.
Ce travail de mémoire est indispensable. L’Histoire de la santé des populations vivant en milieu tropical ne peut occulter le rôle majeur joué par ces praticiens militaires français aidés par les personnels autochtones qu’ils ont formés. Puisse cette rubrique du site de l’ASNOM participer à la connaissance de l’œuvre remarquable du Corps de Santé Français.
E. Renan |