
L’analyse des Bulletins de l’ASNOM des années 1932, 1933 et 1934 (à l’époque « L’Echo Maritime et Colonial ») a permis de retrouver plusieurs chants de nature diverse. Dès cette époque, dans ce périodique, les élèves appelaient à répertorier les nombreux chants en cours…
LA PRINCIPALE
(Sur l’air du « Au Bois d’Boulogne »)
Après un concours éreintant,
Après avoir travaillé tant,
Qu’on a vieilli de vingt ans
Qu’on en est pale,
L’Etat nous nomme ses élus
Au nombre de cinquante au plus,
Et nous voyons, pauvre fœtus,
La Principale (en chœur)
On lui trouve un air vertueux,
Et son fronton majestueux
Contraste avec le sol boueux
Et le ciel sale ;
Son portail est grand ouvert,
Et l’on voit au fond, à travers
La pluie et le feuillage vert
La Principale (en chœur)
Quand on entre, on est si content
Que l’on prendrait l’engagement
De prolonger pendant longtemps
La vie fœtale ;
Mais après quatre ans, quel hasard ;
Lorsqu’on est devenu Thésard,
On trouve que c’est un bazar,
La Principale (en chœur)
AU REFECTOIRE
(Sur l’air du « Au bois d’Boulogne)
Quand on veut un boulot rupin,
Pas b’soin d’aller au « Chapon fin »,
Ousqu’on rencontr’ des prop’à rien
Qui font leur poire ;
Y a-z-un endroit tout près d’ici
Où l’on vous sert des plats exquis,
Et ça n’vous coût’pas un radis,
Au réfectoire
On y mang’ tout’s sort’s de ragouts,
Chacun trouve un plat à son goût ;
L’Auvergnat bouff’d’la soupe aux choux,
L’fait est notoire ;
Le Breton bouff’des z’haricots ;
La gouss’d’ail, c’est pour les Mocos,
L’ananas pour les coloniaux,
Au réfectoire
Plus d’un coursier qui remporta
Jadis aux courses de Bouscat
Le premier prix, maintenant a
Sort dérisoire
Un’tout’autre dstination,
Et s’introduit sous un faux nom,
Celui de bifteck au cresson,
Au réfectoire.
Y en a qui n’sont jamais contents,
Qui parle d’empoisonnements,
Parce qu’il leur arrive subitement
D’avoir la foire
L’restaurateur qu’est un malin
Dit qu’c’est l’approche des examens
Qui donna la colique aux copains,
Au réfectoire
CHANSON DE L’ETUDE
(Sur l’air des 4 Z’étudiants)
C’est moi qui suis l’Etude,
Endroit très embêtant
Où l’foetus d’habitude
Dort les Irois quarts du temps. (bis)
Matin, soir, ils s’embêtent,
Bâillent énormément.
Ils fument en cachette,
Et lisent des romans. (bis)
Les uns font d’la musique,
D’autres font des dessins,
D’aut’ font d’la politique,
La plupart n’foutent rien. (bis)
Parfois l’mait’ qui rechigne
Arrive à pas de loup
Leur donner quéqu’consigne.
Les malheureux loulous. (bis)
N ’soyez pas en colère,
S’ils voulaient travailler
Auraient hien trop à faire...
Aiment mieux pas commencer. (bis)
REFLEXIONS PHILOSOPHIQUES D’UN STEGOMYA FASCIATA
(Sur l’air de « La Petite Tonkinoise »)
I
Comme un zèbre
J’suis célèbre
J’ai un pelage époilant
J’ai des rayur’s sur les pattes
Sur le foie et sur la rate,
De ma trompe,
Je vous pompe
Le sang jauneux virulent
Pour transporter proprement
Le microbe aux biens portants
REFRAIN
Je suis le fléau des Tropiques,
Tout p’tit mou-mou, tout p’tit mou-mou, tout p’tit moustique,
Du tigre, j’ai la zébrure,
Et du Condor l’armature ;
Pour faire un tout hétérogène,
Ah ! c’est un cu, oui, c’est un curieux phénomène,
J’ai pris la trompe à l’éléphant ;
J’suis le Stegomya esbrouffant !
II
Si je vole
Chos’plus drôle
Dans l’eau je suis gracieux ;
C’est la que je m’aventure
Pour mettr ma progéniture
Et ma ponte
Ah c’qu’elle compte ;
C’est au moins quatre vints œufs
Qui, en quinze jours, c’est curieux,
Peuv’nt voler à qui mieux mieux
III
Les p’tit’s mares,
C’est bizarre,
Sont pour moi des Océans
L’eau qui couvre un fond d’barrique,
Me représent’ l’Atlantique ;
Cul de bouteille
A merveille
Abimes à caïmans,
Et dans un’ goutt’ d’eau, vraiment,
Je retrouv’le lac Leman
IV
Tout mon monde,
A la ronde,
Tient dans quelques pieds carrés ;
Et, comme j’ai l’âme altière,
C’est aux forts que j’fais la guerre !
La dispute
Et la lutte,
Sont pour moi, devoirs sacrés,
Et, de mes traits acérés
J’rends l’homme’ désespéré
V
J’vous dégomme
Pauvres hommes
Qui vous battez constamment,
Point besoin de dynamite,
De lyddit’, de Turpinite,
Moi, j’vous blesse,
Sans faiblesse,
En deux temps et trois mouvements,
Il me suffit, simplement,
De vous piquer congrument
VI
Fini d’rire,
Pour m’détruire,
Un poison qu’n’eut pas Borgia,
S’est el’vé tout’la méd’cine
Brandissant tub’s et vaccines,
Le pétrole
Bénévole,
Le pyréthre et coetera ;
Et, malgré tout ça, on n’a
Pas vaincu le Stégomya
REFRAIN FINAL (ad libitum)
Il faut voir avec quell’ vitesse
Tous les humain se mettent à serrer les… jambes
Quand paraissent les prodromes
De la fameus’fièvre jaune ;
Et c’est la frousse qui s’amène.
Ah, c’est un cu, oui, c’est un curieux phénomène
Chacun est affolé, hagard,
Comm’s’il avait l’feu qué qu’part