
Plusieurs chansons ont été écrites et chantées spécifiquement au sein de l’une des 3 « Vieilles » écoles annexes de Brest, Rochefort ou Toulon qui préparaient jusqu’en 1964 à l’admission à la « Principale » de Bordeaux. Les traditions y étaient très fortement établies.
Sont colligées ici les paroles de 3 d’entre elles, toutes émanant de l’école de Brest. Parmi celles-ci, la Chanson d’Angiboust, du nom du personnage mythique créé par les élèves de l’école et qui donne son nom à une fête annuelle qui se tenait au printemps (voir Bulletin de l’ASNOM n°142).
LA CHANSON D’ANGIBOUST
I
Comme un ivrogne dans la ville
Qu’on ramasse au bord du chemin,
Qu’on ramène à son domicile
Vers toi, vers toi nous étendons la main,
Angiboust ! Angiboust ! Angiboust ! Angiboust !
II
Que de nos pipes culottées
La fumée s’élève vers toi
Et que nos voix avinées
Célèbrent, célèbrent le plus grand des rois
Angiboust ! Angiboust ! Angiboust ! Angiboust !
III
Nous ne craignons pas le déluge,
Car si Dieu inondait l’Univers,
A ta panse énorme je juge
Que seul, que seul tu viderais les mers,
Angiboust ! Angiboust ! Angiboust ! Angiboust !
IV
(Les fœtus à genoux)
Salut à toi, Roi des ivrognes !
Enfoncé Bacchus et Gambrinus !
Ils buvaient sec, mais tu les cognes.
Salut, salut à toi qui te saoulas le plus !
Angiboust ! Angiboust ! Angiboust ! Angiboust !
LA COMPLAINTE DU GABIER DE ROSCOFF
I
Ecoutez, bonnes gens de France
D’Amérique et de partout
D’Afrique et de Tombouctou
D’ailleurs et de Recouvrance
Ecoutez le beau récit
Que je m’en vais vous faire ici
II
Un pauv’ gabier de Roscoff
Tomba du grand mat sur le dos
C’est au pays des mokos
Qu’arriva la catastrophe
Dans la rade de Toulon
A bord du transport Vinh Long
III
Le pauv’ gabier fut mis en miettes
Et s’pulvérisa les os
En mill’ milliers de morceaux
Restait plus d’entier qu’la tête
A coups d’faubert on releva
Les morceaux qu’on conserva
IV
A l’hôpital maritime
Qu’on appell’ Saint Mandrier
On ram’na dans un panier
C’qui restait de la victime
Et tout c’qu’y avait de majors
S’en vinr’t examiner l’corps
V
Ils employèrent tout’leur science
Pour sauver l’pauv Mathurin,
Mais l’infortuné marin
Ne r’prenait pas connaissance ;
Les mokos ne pouvaient pas
Ranimer l’malheureux gas.
VI
Voyant qu’ils pouvaient rien faire
Ils résolurent de renvoyer
Le cadavr’ en ses foyers
Pour la seul’fin qu’on l’enterre
C’est à Brest qu’ le pauv’ mat’lot
Fut r’mis au s’cond mait’ Juteau.
VII
Mais à Brest y a un’ école
Ousqu’il y a des étudiants
Intelligents, pas fain’iants
Et connaissant la bricolle
Ces jeunes gens voulurent tenter
De le faire ressusciter.
VIII
En moins de temps qu’il faut pour l’dire
Le mort se rel’va soudain
En d’mandant son quart de vin
On n’sait pas comment qu’ils firent
Tell’ment qu’ ils étaient malins
Pour sauver le brav’marin
LES FŒTUS
I
C’est nous les Etudiants qu’aucun mal ne rebute
Et que la Vill’de Brest a reçu dans son sein ;
Avant qu’dans l’océan nous fassions la culbute,
Chantons le gai refrain de l’étudiant med’cins.
Refrain
C’est nous les fœtus
Les petits fœtus
Les p’tits avortés qu’on conserv’dans l’eau d’vie
C’est nous les fœtus
Les petits fœtus
Tout ratatinés de la tête à l’anus.
II
L’matin, dès qu’il fait jour, on court à la visite
Soigner des gens malsains, ce qui manqu’de gaité,
Il faut plonger ses doigts dans des crachats d’bronchite,
Sans quoi, par le Major, on se fait engueuler.
III
Puis quand on a fini de pl’oter les malades,
Comme on est sale et pas mal répugnant,
Il faut s’laver les mains remplies de marmelade
Et se précipiter chez Monsieur Cazamian.
IV
Le jeudi, au lieu d’aller écouter la musique,
De m’sieur Foerster faut assister au cours,
Il doit nous initier aux beautés d’la physique ;
Faut travailler, somm’tout’,pour et’ « Navais » un jour.
V
Heureusement qu’à Brest il y a des p’tit’s femmes
Qui nous font oublier les soucis du moment ;
Aimez les étudiants, aimez-les bien, Mesdames,
Ce que vous leur donn’rez, ils vous l’rendront au cent.
VI
C’qui nous emmerde le plus, c’est cette sacrée police,
Pas moyen d’chahuter sans s’fair’foutre au violon.
Aussi, nous menacons de nous faire anarchistes
Si qu’on ne la raye pas de la Constitution.
VII
C’que nous plaignons le plus sont les syphilitiques,
Des pauv’s gens qu’ont pas d’veine et qu’on trat’de cochon
Aussi nous demandons tous à la République
Quand est-c’qu’on décrét’ra l’entrée libre au boxon.