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Site de l’Association Amicale Santé Navale et d’Outre Mer (ASNOM)

EPIDEMIE DE CHOLERA A MAYOTTE
Article mis en ligne le 10 juin 2024
dernière modification le 6 octobre 2024

Au 15 mai 2024, Santé Publique France comptabilisait 85 cas de choléra à Mayotte depuis le premier cas détecté le 18 mars 2024. Parmi ceux-ci, 68 sont des cas acquis localement et 17 ont été importés des Comores ou des pays du continent africain.

Cette situation survient alors qu’une épidémie de choléra est en cours aux Comores depuis le 2 février 2024 avec une intensification récente de la circulation en particulier à Anjouan, l’île la plus proche géographiquement de Mayotte. Le dernier point de situation publié par les Comores fait état de 5 677 cas de choléra notifiés et de 113 décès depuis le début de l’épidémie. Cette épidémie fait elle-même suite à la résurgence du choléra en Afrique de l’Est depuis 2021.

A Mayotte, les premiers cas autochtones ont été signalés dans la commune de Koungou située au nord de l’ile, à partir du 22 avril, soit cinq semaines après le signalement du premier cas importé le 18 mars 2023. Depuis lors, 60 cas acquis localement ont été détectés dans cette commune, le dernier cas enregistré remontant au 12 mai 2024. Les communes de Mtsangamouji (6 cas autochtones) et de Mamoudzou (2 cas autochtones), qui jouxtent celle de Koungou ont été touchées à la mi-mai.

Depuis le début de l’épidémie à Mayotte, 7 cas graves ont nécessité des soins de réanimation. Un premier décès, survenu chez un enfant de 3 ans, a été enregistré, ce qui représente un taux de létalité de 1%.

Face à cette situation, une unité choléra de 14 lits a été d’emblée ouverte au CH de Mamoudzou, principale structure hospitalière de l’Ile aux Parfums, et une autre de 20 lits fin avril au centre médical de référence de Dzoumogné rapidement fermée.

Parallèlement, dans le but de contenir et diminuer le risque sur le secteur de Koungou l’ARS y a fortement renforcé ses interventions de terrain :
• mise en place d’un centre de dépistage et d’orientation ;
• organisation d’opérations de vaccinations sur le terrain ;
• poursuite de maraudes sanitaires sur le secteur pour d’assurer une large diffusion des recommandations sanitaires mais aussi pour orienter les personnes vers les dispositifs de vaccination et dépistage".
La gestion de crise tout terrain et cette stratégie a, selon les autorités sanitaires, permis l’endiguement de l’épidémie et, fin mai, c’est moins d’une centaine de cas qui sont officiellement recensés ; un tapis roulant de 5 à 6 personnes malades perdure comme cela est classique après une épidémie.

A ce jour, les autorités sanitaires n’anticipent pas de flambée épidémique de choléra sur l’ensemble de l’île mais la vigilance restera de mise durant encore de longs mois surtout dans un territoire ultramarin où 25 à 30% de la population n’est pas raccordée au réseau d’eau. En effet, à soixante-dix kilomètres de là, dans l’archipel des Comores, la flambée de choléra n’est clairement pas maîtrisée sur l’île d’Anjouan, d’où les kwassa-kwassa remplis de migrants tentent la traversée vers Mayotte. Le nombre de cas quotidiens approche les 100 à 120 et le dialogue diplomatique compliqué entre la France et les Comores rend difficile pour ne pas dire impossible une gestion préventive, commune et concertée de la crise. Alors que l’efficacité du vaccin s’estompe quelque peu six mois après l’injection, le besoin en renforts humains n’est donc pas près de retomber. Actuellement, 21 soignants de la réserve sanitaire épaulent l’hôpital dans sa gestion du choléra et une dizaine d’autres agissent au sein de l’ARS.

Mayotte