Le 14 août 2024, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que la recrudescence de variole simienne (mpox) constituait une "urgence de santé publique de portée internationale" (USPPI). Cette USPPI fait donc suite à celle de 2022. La progression des cas en République démocratique du Congo et dans un nombre croissant de pays d’Afrique (en particulier Rwanda, Burundi, Ouganda et Kenya) ainsi que leur possible propagation en dehors du continent ont conduit à cette déclaration. La Suède a d’ailleurs fait état le 15 août d’un premier cas importé d’infection par le virus clade 1, plus contagieux et dangereux, sur son territoire.
Il s’agit dorénavant d’une situation complexe et répondre à chacune des épidémies et les maîtriser nécessite, selon l’OMS, une réponse internationale globale et coordonnée. Un comité d’urgence travaille actuellement sur l’élaboration de recommandations temporaires.
En 2024, 15 664 cas de variole simienne, avec 537 décès, ont été signalés en République démocratique du Congo, soit un total dépassant déjà celui de l’an dernier. Cette recrudescence est due à deux épidémies distinctes de deux souches du virus (clade 1 et clade 1b). C’est la propagation rapide du clade 1b qui a motivé cette décision de l’OMS.
Pour lutter contre cette maladie, l’OMS a débloqué son fonds de réserve. Elle fournit des machines et des consommables permettant de tester des échantillons et de confirmer les cas, aide les laboratoires à séquencer les échantillons viraux, soutient les enquêtes et la recherche des cas contacts, la communication et l’engagement communautaire, aide les cliniciens à donner des soins appropriés, aide à accéder aux vaccins et à élaborer des stratégies pour les déployer.
L’OMS a, le 9 août dernier, invité les fabricants de vaccins contre la variole simienne à soumettre leur manifestation d’intérêt en vue d’une autorisation d’utilisation d’urgence. Cette procédure doit contribuer à accélérer l’accès aux vaccins, en particulier pour les pays à faible revenu. Dans un communiqué du 14 août, l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales-maladies infectieuses émergentes explique que "le déploiement rapide de la vaccination antivariolique permet de réduire le risque de mpox". Elle affirme cela au regard des résultats de l’essai ANRS Doxyvac, publié le 31 juillet dans la revue The Lancet regional health-Europe, selon lesquels un tel déploiement du vaccin MNV-BN parmi les hommes non infectés par le VIH ayant des rapports sexuels avec des hommes permet de fortement réduire le risque de mpox, avec une réduction de l’incidence estimée à 99%.
A noter que les premiers vaccins fabriqués par un laboratoire danois (JYNNEOS) et fournis par l’Union européenne ont été livrés en RDC début septembre pour un total de 300 000 doses.
Ou en est-on en France (septembre 2024) ?
Le nombre de cas signalés (essentiellement clade 2) dans l’Hexagone a nettement diminué depuis le début de l’année 2024 par rapport au nombre de cas signalés lors de l’épidémie en 2022 (4967 cas), mais le virus continue à circuler à bas bruit. Du 1er janvier au 24 septembre 2024, un total de 167 cas d’infection à virus mpox (clade 2) a été signalé à Santé publique France, concernant toujours des adultes essentiellement masculins. Au 16 août, en France, aucune contamination par le clade 1 (qui circule en RD du Congo et est beaucoup plus virulent) n’a été recensée.
En date du 16 août 2024, le ministère de la Santé rappelle que "dans le cadre de l’épidémie de mpox de 2022 (clade 2), une stratégie de réponse en matière de prévention, de dépistage et de prise en charge des cas et des contacts ainsi qu’en matière de vaccination a été mise en place (2 types de vaccins : IMVANEX ou JYNNEOS). Cette stratégie est toujours en vigueur et sera adaptée si nécessaire vis-à-vis du mpox clade 1".
La HAS recommande toujours les deux stratégies complémentaires utilisées dès 2022. À savoir, une stratégie préventive pour les personnes non ou incomplètement vaccinées présentant un haut risque d’exposition au virus et une stratégie réactive pour les personnes en contact avec des cas identifiés. "À l’issue de son évaluation et alors que le mode de transmission par contact intime et sexuel est majoritairement observé quel que soit le clade, la HAS considère que les cibles de cette vaccination restent inchangées depuis ses précédentes recommandations ».
Toutefois, depuis début septembre, la HAS recommande une dose de rappel pour les personnes vaccinées en 2022. En effet, "en l’absence de seuil de protection établi, des incertitudes demeurent sur la durée de protection induite par le vaccin" chez les personnes ayant reçu une primo-vaccination.
Compte tenu de l’alerte en cours, la surveillance de ces infections a été renforcée par Santé publique France. Et de rappeler que le dispositif téléphonique Monkeypox info service, mis en place en 2022, ouvert tous les jours de 8h à 23h au numéro 0801 90 80 69 est toujours accessible pour informer sur les symptômes, les traitements, les mesures de prévention et la vaccination et orienter vers les dispositifs de prise en charge.
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