
L’Infirmière en pratique avancée (IPA) est un nouveau métier créé par la loi de modernisation du système de santé de 2016 et officialisé par un décret paru en juillet 2018 (Décret n° 2018-629 du 18 juillet 2018). Par les prérogatives qu’elle confère, cette fonction vise à donner plus d’autonomie aux infirmiers et leur ouvrir de nouvelles perspectives de carrière, tout en libérant du temps pour les médecins. Pas étonnant que, récemment, Yannick Neuder, Ministre de la Santé, se soit félicité de cette "avancée fondamentale qui s’inscrit pleinement dans le cadre du pacte de lutte contre les déserts médicaux."
Pour obtenir le Diplôme d’état d’IPA, l’IDE doit intégrer et valider un master (2 ans : BAC + 5) dispensé au niveau des Facultés des Sciences de la Santé. Ils ne pourront cependant pas exercer en tant qu’IPA avant d’avoir exercé 3 années à temps plein dans la profession d’IDE. Après une première année de tronc commun qui pose les bases de l’exercice, la 2ème année varie selon l’option choisie par l’étudiant à savoir l’une des 5 mentions suivantes :
• Oncologie et hématologie ;
• Néphrologie, dialyse, maladie rénale chronique ;
• Psychiatrie, santé mentale ;
• Pathologies chroniques stabilisées, en prévention et polypathologies courantes en soins primaires : cardiopathie et maladies coronaires, artériopathies chroniques, accident vasculaire cérébral, diabète de type 1 et 2, insuffisance respiratoire chronique, maladie d’Alzheimer, épilepsie, Parkinson ;
• Urgences.
Fin 2024, on estime qu’il existait déjà en France environ 3000 IPA….

Avancée importante mais discutée par de nombreuses organisations médicales, ce métier d’IPA est resté pendant plusieurs années dans le flou à plusieurs titres dans l’attente de la publication de divers textes législatifs d’application. Deux d’entre eux, récemment publiés, précisent les modalités d’exercice des IPA.
• Un décret publié le 21 janvier 2025 permet au patient d’aller voir directement un IPA pour son suivi, sans passer au préalable par un médecin mais cet accès direct est conditionné par le mode d’exercice de l’IPA qui doit travailler :
– soit en tant que salarié au sein d’un établissement de santé public ou privé, ou au sein d’un établissement ou service médico-social (EHPAD, foyer d’accueil médicalisé…) ;
– soit en tant qu’IPA libéral dans une structure d’exercice coordonné (maison de santé, centre de santé, au sein d’une équipe de soins primaires ou d’une équipe de soins spécialisés) ; si tel n’est pas le cas, le patient doit d’abord consulter un médecin qui définira une conduite diagnostique et des choix thérapeutiques, puis pourra confier le suivi médical à cet IPA libéral.
• Un arrêté publié le 25 avril 2025 permet désormais aux IPA, d’initier une prescription dès le premier contact avec le patient : c’est la primo-prescription (prévue dès le décret du 18 juillet 2018). Désormais, l’IPA, quelle que soit sa spécialité, peut prescrire des produits ou prestations soumis à prescription médicale obligatoire, tel que des programmes d’activité physique adaptée, d’arrêts de travail de moins de 3 jours, de transports sanitaires, d’antalgiques de palier 1, et de certains solutés. L’annexe VI autorise également, sous conditions de formation spécifique, la prescription de certains antibiotiques (Fosfomycine, Amoxicilline) par suite d’un test rapide d’orientation diagnostique positif pour des infections identifiées. Le renouvellement de ces prescriptions ne pourra cependant intervenir sans concertation médicale. La liste précise de ces prescriptions figure sur le document suivant.
Ainsi, les IPA sont amenées à participer à la prise en charge globale de patients ; ils soutiennent les médecins dans l’accompagnement de patients atteints de certaines pathologies et peuvent, dans ce cadre, réaliser des actes techniques et des actes de surveillance clinique et paraclinique, prescrire des examens complémentaires, renouveler ou adapter des traitements médicaux, mener des actions d’éducation, de prévention et de dépistage.