Introduction générale
Rappel des grandes dates clefs ou bref historique de la naissance de l’institution muséale « Ancienne école de médecine navale » (AEMN) à la suite de la fermeture de l’école annexe de Rochefort :
• 1964 : fermeture de l’école Annexe de Rochefort ;
• 1983 : fermeture de l’Hôpital de la Marine ;
• 1986 : se pose la question des collections conservées à l’EMN à Rochefort ; s’en suit la prise de position du Musée national de la Marine (MnM) de Rochefort, par le truchement de son directeur l’Amiral Bellec, en faveur de ce corpus considéré comme exceptionnel ;
• 1986 à 2016 : convention trentenaire (arrivée donc à terme) avec le SSA qui dépose ses collections au MnM qui devient alors gestionnaire du fonds ; en parallèle, le MnM devient propriétaire du bâtiment ;
• 1998 : après plusieurs années de rénovation (financée à 100% par le MnM), ouverture du site aux publics ;
• 2003 : mise en place du système de visites guidées toujours usité aujourd’hui, permettant d’accueillir les publics ;
• 2003 à 2023 : 20 ans d’activités scientifiques et culturelles en faveur du rayonnement de l’AEMN, pilotées et portées financièrement par le MnM :
o Visites guidées, expositions, conférences, colloques, publications, etc…
o Un site qui reçoit environ 10 000 visiteurs/an, une boutique qui génère du chiffre d’affaires, une attraction culturelle de 1er niveau sur le plan local.
Depuis 2019, un renforcement du personnel scientifique au sein du SSA et un changement du personnel dirigeant à Rochefort a permis de faire naitre de nouvelles dynamiques ; ainsi, une programmation d’actions de sauvegarde a été établie conjointement par les deux parties (MnM et SSA) : le SSA en tant que propriétaire des collections s’est concentré sur ces dernières, le MnM en tant que propriétaire du bâtiment s’est concentré sur ce dernier.
Les actions du SSA sur les collections
Concernant les collections, le plan d’action a été organisé en plusieurs étapes :
• L’inventaire des collections : cette étape est un préalable indispensable pour connaitre précisément le fonds, mesurer l’étendue de la collection (nombre d’items), la variété des items la composant (natures des pièces), l’état sanitaire des spécimens, etc… Une fois l’inventaire établi, il est alors possible de dérouler un plan d’actions de sauvegarde adapté à la nature de la collection et aux différents niveaux d’état sanitaire des pièces. Dans cette perspective, il a été conjointement décidé que l’inventaire (ou récolement) serait scindé en deux phases :
o Phase 1 : L’inventaire/récolement des pièces situées en réserve, non accessibles aux publics.
o Phase 2 : L’inventaire/récolement des pièces situées dans les espaces de visite, accessibles aux publics.
La phase 1 a été réalisée de mi-septembre à mi-décembre 2021 : 10 941 numéros d’inventaire ont été attribués pour 28 496 pièces traitées. Cette différence s’explique par la présence de lots (ex : lot de coquillages, lot de minéraux, etc.) qui ont été traités comme des ensembles auquel un seul numéro d’inventaire a été attribué. En complément des numéros attribués aux objets et aux lots, des numéros ont également été attribués à leurs socles ou étiquettes qui présentent souvent d’importantes informations qui enrichissent la connaissance de l’objet (composition, date de collecte, description, etc.) et sont considérés comme faisant partie du patrimoine de l’objet. Ainsi, 4 530 numéros ont été affectés aux socles et 137 pièces documentaires ont été prises en compte. Les registres d’inventaire datés de 1861 à 1889 ont également été numérisés en 2021 afin d’en assurer la conservation.
La phase 2 a été réalisée du 6 mars au 23 avril 2023. Ont été inventoriées toutes les collections exposées aux publics dans la salle dite du « musée » au 2e étage et l’ensemble du mobilier réparti sur les 3 niveaux du bâtiment.
• Un chantier sur les collections prioritaires : à l’issue de ces inventaires, une liste d’œuvres prioritaires à traiter a été établie. Les critères de sélection ont été les suivants :
– Fragilité des pièces et risques de dégradation, voire destruction des items,
– Fragilité des espaces de conservation des objets. En effet, le monument historique dans lequel sont aujourd’hui conservées les collections n’offre pas de condition de conservation optimale (pas de contrôle du climat, de l’hygrométrie, de la lumière, etc…).
• Ces constats ont donc conduit les équipes du SSA à réaliser un troisième chantier, en 2023, autour de ces collections prioritaires, qui s’est organisé de la manière suivante :
o Conditionnement de l’ensemble des pièces situées dans les réserves ;
o Conditionnement des pièces prioritaires à traiter autrefois présentées aux publics ;
o Transport de ces collections vers Paris dans les locaux du SSA et du musée du SSA, situés au Val-de-Grâce ; au Val-de-Grâce, les équipes du SSA se sont fortement mobilisées pour :
– Aménager des locaux adaptés pour accueillir, traiter et stocker les collections ;
– Démarrer les traitements des pièces des réserves : dépoussiérage, conditionnement, intégration de toutes les références dans les bases de données normées qui pourront ensuite être consultables, notamment par des chercheurs ;
– Organiser des traitements pour les pièces autrefois présentées aux publics, notamment par le biais d’une campagne d’anoxie (désinsectisation) par le froid qui se déroulera du 2 novembre 2023 au 15 décembre 2023 et qui aura pour fonction de traiter les collections infestées.
Les actions du MnM sur le bâtiment
En parallèle de ces actions conduites par le SSA sur les collections, le MnM a poursuivi, de 2019 à 2023, les études sur le bâtiment abritant l’AEMN.
En 2021, le MnM a porté toutes les études permettant de faire classer « Monument Historique » le pavillon A de l’ancien hôpital de la Marine, dans ses aspects architecturaux extérieurs ainsi que dans son agencement intérieur. Depuis avril 2022, toute l’architecture du site est protégée au titre des monuments historiques. À la suite de ce classement MH, le ministère de la Culture via la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) Nouvelle-Aquitaine et le ministère des Armées ont financé la réalisation d’un diagnostic MH pour le site. Cette étude, terminée en décembre 2022, a permis de pointer les éléments architecturaux remarquables qu’il conviendra de restaurer et de préserver dans le cadre d’un projet de rénovation futur.
Ainsi, aujourd’hui, les équipes du SSA et du MnM sont plus que jamais mobilisées au chevet de ce patrimoine. Les chantiers menés ces 4 dernières années sont des opérations exceptionnelles dans la vie d’une institution qui mobilisent :
o Un grand nombre d’acteurs : responsables des collections, laboratoire, entreprises spécialisées dans le transport et le conditionnement d’œuvres, etc.
o Des moyens financiers très conséquents ;
o Des moyens techniques (fournitures, lieux de stockages, réserves, etc.).
Les infestations peuvent aussi être évoquées. C’est une donnée courante dans les musées, notamment ceux qui conservent des collections faites de matières organiques et fragiles (bois, peau, os, tissus, etc.). L’AEMN est par ailleurs entourée d’un parc. Comme dans tous les bâtiments anciens, une certaine porosité existe entre l’extérieur et l’intérieur. Des campagnes de piégeages d’insectes sont donc couramment réalisées afin de limiter le contact des insectes avec les collections.
Perspectives et actions
A moyen terme, d’importants projets devraient émerger pour les sites de Rochefort. L’AEMN pourrait ainsi se voir englobée dans un vaste programme de rénovation de son architecture et de restauration de ses collections. Le CA du MnM a validé un calendrier de principe des deux projets de rénovation (AEMN + Cheusses/Amblimont) lors de sa réunion de juin 2023. A ce jour, seules deux réserves sont encore à lever :
o Les montants et l’échéancier des sommes allouées à ces projets, inscrites à la LPM 2024-2030 ;
o La prise en charge de ces deux chantiers d’envergure par l’OPPIC.
La collecte de mémoire orale 2023
Ce vaste panorama permet d’arriver au sujet de la collecte de mémoire orale qui a été lancée en 2023 grâce à une mobilisation commune du MnM et de l’ASNOM. Cette dernière s’ancre dans une perspective à long terme, celle de rénover l’AEMN, projet qui passera par la refondation de son PSC et qui aboutira à une refonte/transformation de son parcours. Le MnM est actuellement en train de stabiliser la comitologie qui encadrera ces projets. Cette collecte de mémoire est envisagée dans le cadre de ce vaste projet. Elle permet de collecter de l’information, d’enrichir la connaissance des équipes sur le XXème siècle. Elle permet également de préparer une transformation profonde de ce site dans lequel demain, des paroles pourraient être présentées et entendues par nos futurs visiteurs. Ces témoignages pourraient donc :
o Faire l’objet d’une valorisation à court/moyen terme, avant fermeture pour travaux ;
o Mais également être réintégrés demain dans un futur parcours de l’AEMN.
Afin de faire le bilan de cette première phase de collecte et de tirer des enseignements pour l’avenir, il convient de revenir sur les difficultés qui ont été rencontrées :
o La présentation du projet, ses enjeux méritent d’être mieux présentés et clarifiés.
o La communication auprès des camarades a été difficile et le recrutement des volontaires également. Manque de moyens techniques, refus de participer, etc…
o Enfin, la création d’archives sonores et visuelles se fait par le biais de moyens techniques normalisés : caméra, micros, etc… Nous ne pourrons nous libérer de ces contraintes au risque que les témoignages soient inutilisables.
o Pour finir, le recueil d’un témoignage est essentiellement basé sur le développement d’une relation humaine ; la visio-conférence ne permet absolument pas de créer le niveau d’intimité requis.
Pour toutes ces raisons, nous avons privilégié les rencontres et enregistrements en direct. Nous resterons fidèles à ce niveau d’exigence dans la poursuite du projet.
La conservation des données est assurée par les outils du MnM.
Maintenant, vont être amorcés les chantiers suivants :
o Mise en sécurité des sources par les équipes du service Ressources / Département des collections ;
o Mobilisation d’une enveloppe financière de 5 000€ pour la réalisation de podcasts ou supports sonores à intégrer dans le parcours actuel de l’AEMN. Attention, ces outils devront être pensés comme temporaires puisque le site devrait fermer pour travaux. Néanmoins, ces bandes pourraient aussi être valorisées pendant la fermeture pour faire vivre cette école. A noter que le Budget 2024 du MnM sera voté en CA en décembre 2023. Nous restons donc en attente de la validation de cette enveloppe. Poursuivre cette collecte nous semble une évidence. Mais il faudra respecter les exigences du format de collecte de mémoire si nous souhaitons poursuivre avec la même qualité de résultats.
A noter que le mémoire de Mme DELALLEAU a reçu la mention très bien.