La rage est une affection virale, toujours mortelle lorsqu’elle est déclarée. Elle est transmise à l’homme par la morsure de divers animaux, le chien errant en particulier. Aucun traitement curatif n’est connu.
Les symptômes de la rage chez l’homme donnent deux tableaux cliniques : soit une rage "furieuse" avec une violente répulsion pour l’eau, une soif inextinguible et une agitation intense, soit une rage "paralytique" où une paralysie douloureuse l’envahit progressivement. Dans les deux cas, le décès survient en quelques jours.
Depuis Pasteur, le principe de la prévention de la rage est établi. Il repose sur l’atténuation de la virulence du virus obtenue par des passages en série sur la moelle épinière du lapin afin d’aboutir à un virus de virulence stable ; la moelle est alors prélevée et placée en atmosphère desséchée. Après quelques semaines, cette moelle a perdu toute virulence et son injection ne provoque plus la rage mais confère un pouvoir préventif contre celle-ci ; il s’agit d’une véritable vaccination.
Comme l’intervalle de temps entre la morsure et l’apparition de la maladie est de plusieurs semaines, un traitement par injections sous-cutanées de vaccin à base de moelle est efficace.
Quand les premiers élèves de Pasteur (Calmette*, Marchoux*, Thiroux*…) quittent l’institut de Paris, vers 1890, ils emportent dans leurs bagages un morceau de cette moelle de lapin infectée par le virus de la rage et continuent, outre-mer, les passages en série. Calmette*, à Saigon, met au point une technique d’immersion dans la glycérine permettant de maintenir une provision de moelle vaccinogène, précieuse en Indochine où la rage est présente à cause de la pullulation des chiens errants. Plus qu’ailleurs, les sujets mordus sont relativement nombreux car le bouddhisme interdit d’attenter à la vie des animaux. En 1929, 2 624 traitements ont été suivis de succès, soit cinq fois plus que dix ans plus tôt.
Par la suite, de grands progrès sont réalisés en matière de vaccin. De la moelle de lapin, on passe au cerveau de mouton, puis au cerveau du souriceau nouveau-né et aujourd’hui aux cultures de tissus. Les instituts Pasteur d’outre-mer assurent l’approvisionnement en vaccin dans tous les territoires du domaine colonial.
Grace à la collaboration avec les services vétérinaires, vaccinant les animaux domestiques et faisant la chasse aux chiens errants, la rage, du moins dans les villes, a beaucoup régressé dans les pays tropicaux.
Pour en savoir plus :
– Atanasiu P., Gamet A. Robin Y. et Salaun J.J. : La rage in les études médicales. N° 3 et 4, sept. et déc. 1979. Le Caire.
– OMS : Série de rapports techniques ; 8° rapport-824 Comité d’experts de la rage. Genève, 1992.