La rougeole est une maladie infectieuse, éruptive, contagieuse et immunisante. Elle est provoquée par un virus dont la transmission est directe, par voie aérienne. L’homme est le seul réservoir du virus. Il n’existe pas de traitement spécifique de la maladie.
Elle commence par un "gros rhume" avec fièvre progressivement croissante. La muqueuse de la bouche est rouge vif avec, de ci de là, quelques points blanchâtres caractéristiques. L’éruption se reconnaît bien sur peau foncée d’autant qu’elle est associée à un faciès pleurard. Après quelques jours, la desquamation de la peau donne un aspect "farineux", évident.
Rarement fatale par elle-même en Europe, la maladie revêt, en milieu tropical, une gravité extrême car elle est à l’origine de très nombreux décès d’enfants.
La persistance de la fièvre signe une surinfection ORL ou respiratoire dont les plus redoutables sont les broncho-pneumonies. Mais l’élévation thermique peut aussi être provoquée par un paludisme associé, souvent pernicieux. Dans tous les cas, une issue fatale est fréquente.
Si l’enfant est maintenu presqu’à jeun car sans appétit et parce que la tradition africaine interdit d’alimenter un enfant fébrile, il se déshydrate et la mort peut survenir. Sinon,la voie vers un trouble nutritionnel durable est ouverte : une rougeole est souvent trouvée dans les antécédents immédiats d’un kwashiorkor.
Une autre complication sérieuse assez fréquente en Afrique est l’atteinte de la cornée oculaire qui peut aboutir à la cécité.
Une surveillance médicale attentive menée dans les postes d’assistance médicale indigène permet de lutter efficacement contre ces complications surtout depuis l’avènement des antibiotiques et la maîtrise des réhydratations. Avant ces découvertes, la mortalité de la rougeole en Europe tournait autour de 10 % des cas. Elle est maintenant de 1 pour 10 000. En zone tropicale où la consultation médicale est souvent tardive, voire absente, elle continue d’atteindre ou dépasser 10 % en milieu rural.
Sitôt la vaccination antirougeoleuse mise au point, à partir de 1958, le Corps de santé colonial n’a pas manqué de l’utiliser et de la préconiser, aux premières heures de l’indépendance des États africains. Dès 1962, Labusquière* réalise en Haute-Volta les premières campagnes-pilotes de vaccinations mixtes associées rougeole- fièvre jaune au pistolet injecteur. La méthode est étendue mais la vaccination contre la rougeole n’a pas réussi à éradiquer cette maladie, faute d’une couverture totale de la population infantile et à cause de l’extrême contagiosité du virus.
LE PROGRAMME ÉLARGI DE VACCINATIONS (PEV)
Le programme élargi de vaccination, mis en place sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé à partir de 1974, a pour but d’immuniser avant 1990 tous les enfants du monde contre six maladies des plus meurtrières à savoir tuberculose, tétanos, poliomyélite, rougeole, coqueluche, diphtérie. Il reste une priorité mondiale réaffirmée par l’OMS en 1986.
Pour en savoir plus :
– Labusquière R. : La rougeole dans les états membres de l’OCCGE- Rapport IV° conférence technique OCCGE, 1964, t II p.393.
– Labusquière R. : Campagne de vaccination anti-rougeoleuse en Afrique. Med. Trop. 1966,26,5,482-496.
– Sagnet H., Revil H.,Thomas J., Mafart Y. : La rougeole de l’enfant sous les tropiques. 1967,27,2, suppl.1-7.