L’intérêt du monde scientifique pour la nutrition est relativement récent. Fille de la chimie et de la physiologie, cette discipline est un carrefour de sciences (médecine, biochimie, agronomie, économie, éthno-sociologie… ). Ce n’est qu’après la Première Guerre mondiale que les problèmes alimentaires sont abordés de façon méthodique. Pourtant, la faim, fléau qui atteint encore aujourd’hui plusieurs centaines de millions de personnes sur notre planète, en touche proportionnellement davantage aux siècles antérieurs.
En 1925, une note du ministère des Colonies inspirée par Lasnet* invite le Corps de santé colonial à s’intéresser à l’alimentation des populations. Les travaux sont nombreux.
– Les pharmaciens étudient la composition des aliments consommés par les populations d’outre-mer.
– Les médecins et les pharmaciens cherchent à déterminer les besoins alimentaires des autochtones.
– Les médecins sont confrontés aux méfaits des régimes carencés et en pressentent la réalité avant même la découverte des premières vitamines, en 1913. Le béribéri, le scorbut et les carences protéiques occupent le premier rang. Un inventaire complet de cette pathologie est entrepris.
– Le Corps de santé colonial participe activement à la prise de conscience nationale et internationale des problèmes nutritionnels dans les pays en développement. La création à Dakar, en 1953, de l’organisme de recherches sur l’alimentation et la nutrition africaines (ORANA) donne un essor remarquable à ces études qui s’appuient sur les nombreuses enquêtes effectuées.
Après l’indépendance, cet établissement et son réseau d’activités sont rattachés à l’OCCGE.
Le Corps de santé colonial participera également à la création de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.
LA COMPOSITION DES ALIMENTS
En 1933, un rapport intitulé "L’alimentation indigène dans les colonies françaises et territoires sous mandat" réunit les connaissances acquises depuis 1925 sur la valeur des aliments consommés et les besoins nutritionnels des populations. Les produits locaux d’origine végétale, tels l’arachide, les céréales tropicales (mil, sorgho, riz…), les tubercules (manioc, igname…) et d’origine animale (lait et dérivés) sont analysés et leurs constituants identifiés. Bloch*, Laffitte*, Pluchon* et d’autres pharmaciens coloniaux participent à ces travaux.
En Indochine, Autret* crée en 1939 un laboratoire d’hygiène alimentaire à l’institut Pasteur de Hanoi et réalise une table de composition des aliments du Sud-Est asiatique tandis que Auffret* en dose les vitamines.
De même, en Afrique noire et au Tchad en particulier, Creach* étudie l’alimentation des Africains et découvre des aliments traditionnels dont certains ne manquent pas d’originalité et de valeur nutritive, telles les galettes séchées d’algues bleues ou les termites frites….
En Afrique occidentale, à partir des années 50, Toury*, Busson* et leurs équipes font un inventaire complet des aliments et en établissent la composition. Il en sera de même pour Bergeret* au Cameroun, Perissé* au Togo, Floch* en Guyane. Sont aussi analysés les eaux naturelles, entre autres leur teneur en iode et en fluor, les laits maternels et ceux d’origine animale, etc...
On constate d’importantes variations, d’un continent à l’autre, pour une même denrée. Ces tables de composition des aliments usuels avec leurs teneurs en glucides, lipides, protéines, minéraux et vitamines ont été publiées. Elles sont actuellement utilisées par les organismes internationaux.
Au Pharo, un laboratoire moderne d’analyses alimentaires est installé en 1955. Les travaux, conduits par Busson* et Lunven*, sur la qualité et la quantité des protéines contenues dans les aliments traditionnels servent à établir les tables internationales pour l’Afrique que publie la "Food and agricultural organization" ou F.A.O, organisme des Nations-Unies.
LES BESOINS ALIMENTAIRES
Dès les débuts de la pacification et pour des raisons de simple intendance, Martial* s’intéresse à la valeur de la ration alimentaire des tirailleurs sénégalais. Cheyssial* d’une part, Pastenotre* d’autre part l’étudient respectivement chez les populations civiles du Togo et chez les Peulhs. Autret* réalise la même étude en Indochine chez les travailleurs et les militaires autochtones.
La révélation des ravages causés par les famines et les restrictions alimentaires pendant la Deuxième Guerre mondiale éveillent un intérêt considérable et incitent les gouvernements à se doter d’institutions spécialisées pour en évaluer l’étendue, les causes et les effets. Pour sa part, la France, préoccupée par la situation nutritionnelle outre-mer, crée à Dakar, en 1946, une section "alimentation et nutrition" dans le cadre de la "mission anthropologique de l’Afrique de l’Ouest" dirigée par L. Pales*.
Dans ces pays souvent en proie à la disette, due à des causes naturelles ou humaines, frappés par la pauvreté généralisée, par le manque d’infrastructures et de personnel qualifié, les enfants constituent la population la plus vulnérable et l’objectif prioritaire des programmes de santé publique mis en oeuvre par le Corps de santé colonial.
En 1947, une "section outre-mer" dirigée par Autret* est créée au sein du comité national français de coordination des études et recherches sur la nutrition et l’alimentation.
Enfin, en 1953, la mission Pales de Dakar est transformée en organisme de recherches sur l’alimentation et la nutrition africaines (ORANA) dirigé par Raoult*. Des enquêtes de consommation alimentaire sont alors menées sur des échantillons de populations et sont couplées avec le recueil de données cliniques et anthropologiques sur les individus. Le but est de concevoir des programmes de prévention. Ces enquêtes font apparaître de fréquentes carences d’apports protéique, calorique et vitaminique, surtout en milieu rural, pendant la période de "soudure" qui précède la récolte. Des signes cliniques de malnutrition se manifestent souvent.
Malheureusement, ces enquêtes réalisées dans le cadre du service de santé ne débouchent généralement que sur des programmes modestes, limités dans le temps et insuffisamment financés.
C’est alors que naît l’idée d’inclure un volet "alimentation" dans les enquêtes nationales de consommation et de budget des ménages. Il permet aux nutritionnistes d’intervenir dans le dépouillement des résultats, d’avoir une influence dans la formulation des politiques d’approvisionnement alimentaire ainsi que dans la conception et la mise en oeuvre des programmes de grande envergure intégrés dans les plans de développement économique (Autret*, Périssé*). Ce concept est rapidement adopté par la F.A.O.
LES MALADIES PAR CARENCES
Leur découverte a pour témoins et acteurs les médecins de marine d’abord, les médecins coloniaux ensuite. L’intuition première est que certaines manifestations pathologiques sont "attribuables à une absence ou à une insuffisance de certains principes de la ration alimentaire" rapporte Le Dantec*. Ensuite, fait remarquable, la prévention de ces troubles est empiriquement découverte, bien avant que soit identifiée leur cause ; on s’aperçoit, par exemple, que l’utilisation du jus de citron évite le scorbut.
Après la découverte des vitamines au début du vingtième siècle, un long délai s’écoule avant que ne s’impose la notion de carence vitaminique ou avitaminose. En 1936, plus de vingt ans après la découverte de la vitamine B1, deux grands tropicalistes, Joyeux* et Sicé* hésitent encore entre "deux conceptions étiologiques du béribéri (…) l’une toxi-infectieuse et (…) l’autre alimentaire". Dans le rapport annuel de la direction de la santé du ministère des Colonies, jusqu’en 1938, le béribéri figure parmi les "maladies transmissibles endémo-épidémiques".
Enfin, les limites des maladies carentielles sont mieux précisées et les mesures à prendre au niveau des collectivités bien appliquées. Car la prévention de la pathologie nutritionnelle est tributaire des comportements alimentaires des individus. La diversification des aliments devient la règle d’or.
LE BÉRIBÉRI
Apanage des populations dont le riz est la base de l’alimentation, le béribéri, décrit par les Chinois dès le septième siècle, ne livre son secret qu’avec le découverte de la vitamine B1 en 1913. Il est dû à une carence en cette vitamine. A l’oedème des mollets succèdent une paralysie progressive des membres inférieurs, des troubles digestifs et une atteinte cardiaque pouvant entraîner le décès. La mortalité minimale est, selon Le Dantec*, de 15 %.
Dans les colonies françaises, sa terre de prédilection est l’Indochine, plus précisément la Cochinchine où se concentrent 95 % des cas. Le béri-béri s’observe surtout parmi les coolies de chantiers et plantations ou encore dans les prisons, toutes ces collectivités étant nourries par une cuisine centrale utilisant du riz industriel. En 1910, à la prison de Hanoi, la maladie provoque 75 décès par an.
Dès 1904, Grall* décide de "remplacer en grande partie le riz blanc par le riz rouge dans le régime des détenus" de la prison de Saigon. En un an, sur 700 rationnaires, le nombre annuel de décès par béribéri chute de 76 à 3. La même constatation est faite dans tout le Sud-Est asiatique : il apparaît qu’un régime varié de type européen ou un régime de type annamite mais où le riz rouge est en partie substitué au riz blanc préviennent le béribéri (quand la vitamine B1 sera découverte, on remarquera qu’elle est présente dans le péricarpe du grain de riz, cette enveloppe rouge qui disparaît lors du polissage industriel des grains).
Cependant, l’avitaminose régresse très lentement. En 1938, dans toute l’Indochine, on relève encore 26 067 malades atteints de béribéri dont 3 089 hospitalisés et 223 décès.
En dehors de l’Indochine, le béribéri, partout présent, ne s’observe que dans les camps de militaires ou de travailleurs et parmi les détenus. Boyé* rapporte une épidémie en AEF dans les chantiers du chemin de fer Congo-Océan, après substitution de riz industriel au manioc dans la ration des manoeuvres. La pire épidémie dans ce chantier a lieu en 1927 avec 696 cas et 158 décès. En 1940, les rapports annuels indiquent 298 cas à Madagascar (dont 206 en milieu militaire), 72 en Afrique noire, 182 dans le Pacifique dont 42 aux Nouvelles-Hébrides. Dans ces dernières régions, les malades sont essentiellement des travailleurs annamites.
LE SCORBUT
Les gencives boursouflées et saignantes, rapidement surinfectées et sensibles, des ecchymoses diffuses sur tout le corps, des hématomes profonds douloureux dans les muscles et à la surface des os, des hémorragies diverses, gastriques, urinaires, …. Tel est le tableau, certains malades mourant de marasme ou d’anémie.
Fréquent en Europe pendant les guerres, les sièges et les famines, le scorbut se limite ensuite aux camps de réfugiés et de prisonniers. Il est, en revanche, depuis toujours, la hantise des équipages de voiliers au long cours. Les marins anglais découvrent le rôle préventif des vivres frais et surtout du jus de citron. La vitamine C, découverte en 1933, est une substance fragile qui résiste mal au stockage, à la chaleur, à la dessiccation prolongée. Elle est présente dans les produits végétaux frais. Elle guérit spectaculairement le scorbut qui est donc une avitaminose C.
Dans l’empire colonial français, on l’observe rarement dans les villages. Il survient seulement sous formé d’épidémies dans les collectivités dont le régime alimentaire assuré par l’entreprise est monotone et pauvre en vivres frais. On le signale dans les prisons d’Indochine et de Mauritanie. Grall* observe une épidémie d’une vingtaine de cas, à Dakar, en 1943, chez des dockers ivoiriens. L’erreur diététique est vite corrigée, d’autant plus que les pharmaciens coloniaux ont montré que les sources naturelles en vitamine C abondent sous les tropiques : citron, orange, mangue, papaye ou encore feuille ou pulpe de baobab.
LES CARENCES PROTIDIQUES
Pendant plusieurs siècles, a prévalu la notion d’un béribéri "humide" dont la première description remonte à des médecins chinois du dixième siècle. Sujets enflés dont les oedèmes débutent aux jambes puis s’étendent à tout le corps ; le ventre est ballonné et tendu, le visage bouffi. Ces états sont décrits sous le terme d"hydropisies épidémiques", en particulier dans les Indes. On les observe également à bord des navires de longues campagnes. En 1906, Le Dantec* en étudie plusieurs cas et leur donne le nom provisoire de "béribéri nautique". Non sans être intrigué par le double fait qu’il ne s’agit pas de mangeurs de riz et que l’apport de levure de bière, active contre le béribéri, est inefficace.
En 1913, Guillon* donne le nom de "bouffissure d’Annam" à des malades de la région de Hué présentant des oedèmes plus ou moins généralisés avec un épanchement du péritoine. Leur survenue a un caractère épidémique. La cause en est indéterminée mais Thiroux* signale que la plupart des patients sont porteurs de vers (ankylostomes) intestinaux.
En 1925 Normet*, directeur du laboratoire de Hué, reprend l’étude et pense aussi "qu’il s’agit plutôt d’une carence favorisée par les ankylostomes". Les épidémies correspondent aux périodes de disette et affectent exclusivement les catégories nécessiteuses, paysans et coolies. Les trois grands symptômes sont la bouffissure avec un abdomen gorgé de liquide, la fonte des muscles et une anémie sévère. Dosant, avec les moyens de l’époque, les composés azotés il note chez ces patients une diminution parallèle des taux d’urée dans le sang et dans les urines. Il émet l’hypothèse d’une carence protéique qu’il confirme en injectant par voie sous-cutanée une solution d’acide aminé. Les oedèmes disparaissent, les taux d’urée remontent. La mortalité antérieure de 95 % devient rare. Les méfaits d’une carence protéique viennent d’être découverts et démontrés. Ainsi naît l’idée que ces oedèmes d’allure épidémique, affectant surtout les enfants, sont dus à une alimentation carencée en protides. Ils sont comparables aux oedèmes de famine observés en Europe par temps de disette.
En Afrique noire, vers la même époque, des syndromes voisins sont décrits par les médecins coloniaux chez l’enfant et attribués "vraisemblablement à des causes alimentaires". Cavalade* rapporte, en 1934, au Niger, des cas de "malnutrition maligne". Au Cameroun, Lieurade* relate des cas d’enfants "rouges" : Ils sont des précurseurs dans l’étude du kwashiorkor ou syndrome de malnutrition protéïno-calorique du sevrage.
Raoult*, directeur de l’ORANA distingue deux états aux pronostics aussi redoutables :
– le marasme avec une maigreur extrême, l’atrophie des muscles, la peau flasque et plissée donnant à l’enfant d’un an un masque de vieillard.
– le kwashiorkor avec les œdèmes du corps et du visage, la peau craquelée, décolorée, tombant en lambeaux, les cheveux roux et cassants, une apathie et le refus de s’alimenter.
Plus tard, à côté du réseau des centres de protection maternelle et infantile, des centres de récupération nutritionnelle sont mis en place en AOF par Raba*, tandis que Raoult*, Toury* puis Lunven*, dans les laboratoires de l’ORANA, étudient les aliments locaux susceptibles de supplémenter en protéines les régimes déficients. Les programmes agro-alimentaires du territoire sont réorientés en conséquence.
L’INVENTAIRE DES TROUBLES CARENTIELS
Après la fin du Seconde Guerre mondiale, l’explication dite carentielle des maladies connait une grande vogue. Les affections de cause indéterminée, introuvables ou rares dans les pays développés et, au contraire, de rencontre fréquente chez les indigènes des tropiques, sont présumées d’origine carentielle. Tous les organes sont concernés : le coeur, l’intestin, le cerveau…
Peu à peu, les progrès de la science se joignent à la raison pour dénoncer les excès. Exerçant sur place, les praticiens du Corps de santé colonial proposent de s’en tenir aux seuls syndromes où le traitement substitutif a des effets significatifs. Ils prennent ainsi une part active à l’étude des troubles carentiels.
Toury* montre que, parmi les avitaminoses, les carences en vitamine A, fréquentes chez l’enfant indochinois, sont très rares en Afrique noire. Il en est de même pour la pellagre et le rachitisme. Par contre, surtout chez l’enfant noir, la carence en vitamine B2 est répandue. Sont également authentifiées comme maladies nutritionnelles ou carentielles certaines anémies de l’enfant et de la femme enceinte (Toury* et coll.), des neuropathies périphériques des membres inférieurs (Collomb* et Giordano*), des hypertrophies de la glande parotide (Raoult*).
Une attention particulière est prêtée au goitre endémique, affection cosmopolite liée à un déficit de l’apport iodé. Selon l’OMS en 1962, 200 millions de personnes en sont atteintes dans le monde. L’Afrique noire française fait l’objet de nombreuses prospections. En 1950, Pales*, se basant sur une enquête portant sur quatre millions d’individus, évalue à 8,3 pour cent le taux de goitreux en AOF. L’ORANA poursuit ces travaux, en particulier en analysant les sols supposés goitrigènes. Toury* et coll. se consacrent à la mise au point, à l’échelle industrielle, d’un supplément d’iode dans le sel alimentaire.
LA PRISE DE CONSCIENCE NATIONALE ET INTERNATIONALE
Dés 1924, un rapport de Roubaud* soumis par Calmette* à l’Académie des sciences coloniales met l’accent sur l’insuffisance alimentaire des populations autochtones et invite le parlement français à consentir des efforts budgétaires, en particulier pour l’Afrique équatoriale, déclarée "colonie en danger". Le ministère des Colonies classe la sous-alimentation en tête des grandes endémies responsables du dépeuplement et de la déchéance des populations autochtones . Ce constat reste sans effet pour la double raison que les crédits alloués au service de santé sont plafonnés et que la sous-alimentation est considérée comme un problème exclusivement médical. Pourtant, Lasnet* dès 1925, dans une instruction du ministère des Colonies, exprime fortement sa conviction que le traitement de la sous-alimentation relève d’une coopération agriculture-santé-éducation articulées dans une véritable politique alimentaire nationale.
Il faut attendre 1935 pour que la Société des nations évoque le "mariage de la santé et de l’agriculture" et 10 ans de plus pour que se réalise la triple association agriculture-économie-nutrition.
En 1937, l’institut d’hygiène de la Société des nations organise à Bandoeng la première conférence inter-gouvernementale des pays d’Asie. Le Corps de santé colonial y est représenté par Dorolle* et Autret* qui rapportent leurs observations indochinoises.
Après la guerre de 39-45, les premiers rapports de L. Pales*sur la nutrition en Afrique ont un tel retentissement qu’ils provoquent la première conférence interafricaine sur l’alimentation et la nutrition, tenue à Dschang, au Cameroun, en 1949. Autret* en est l’organisateur et elle regroupe, à côté des Français, des Espagnols, des Portugais, des Anglais et des Sud-Africains. L’une des ses recommandations concerne la formation de spécialistes. Ce qui amène l’ouverture de cours internationaux de nutrition à l’école d’application du Pharo en 1952 et en 1955, sous l’impulsion d’Autret* : 65 nutritionnistes français, belges, portugais, italiens, haïtiens y sont formés et parmi eux, une trentaine de médecins et pharmaciens du Corps de santé colonial. La plupart d’entre eux sont alors affectés dans des centres de recherche comme l’ORANA en Afrique occidentale, l’ORSTOM au Togo et au Cameroun, au service des grandes endémies en Afrique équatoriale, dans le service de santé de Madagascar ou l’institut Pasteur de Guyane. Certains de ces spécialistes sont ensuite détachés auprès de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (F.A.O.) et de l’Organisation mondiale de la santé (O.M.S.) où leur expérience du terrain et leur esprit novateur ont largement inspiré la stratégie de ces institutions internationales, en plein accord avec le concept agriculture-santé-éducation développé par Lasnet* dès 1925.
Le sommet mondial de l’alimentation en 1996, où sont représentés 186 pays, s’est engagé solennellement à réduire de moitié le problème de la faim avant 2015.
Pour en savoir plus :
– M. Autret. : L’oeuvre de Corps de santé colonial dans le domaine alimentation-nutrition Outre-Mer. Médecine et Nutrition 1992, 28, 5, 273-284.